Expertise judiciare et évaluation d'entreprises : dans ce podcast, Jean-Noel Munoz nous parle de son métier et de ce qu'il fait au quotidien. Il nous livre une partie de la méthode qu'il utilise pour évaluer les entreprises en difficultés.
Jean-Noël Munoz, expert-comptable et auditeur, est également expert judiciaire depuis 24 ans, un domaine dans lequel il s’est orienté au début des années 2000. C'est grâce à une rencontre fortuite avec un magistrat du tribunal judiciaire de Paris que Munoz a été encouragé à se spécialiser dans ce domaine peu exploré à l'époque. Ce conseil a marqué un tournant dans sa carrière, l’amenant à se concentrer sur les contentieux et les procédures collectives.
L'expert judiciaire joue un rôle crucial en apportant son expertise pour éclairer les juges sur des dossiers techniques, comme l’évaluation de préjudices commerciaux. Bien que son avis ne soit pas contraignant, il permet aux juges de mieux comprendre les éléments techniques d'un litige avant de rendre leur décision.
Pour devenir expert judiciaire, il est d'abord nécessaire d'exercer en tant qu'expert près d'une cour d'appel pendant de nombreuses années, avant de demander son agrément à la Cour de cassation. Jean-Noël Munoz et son associé Alain Abergel sont deux des 11 experts agréés par la Cour de cassation dans la rubrique comptabilité et finance en France, un titre prestigieux et rare.
Bien que les honoraires des experts judiciaires soient encadrés par les juges, ces missions peuvent s'avérer très rémunératrices, notamment sur les gros dossiers. Les montants peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros, surtout pour les affaires complexes et à haute valeur ajoutée. Ce modèle économique a permis au cabinet de Munoz de développer une activité de conseil, en particulier avec les avocats avec lesquels ils collaborent sur des missions judiciaires.
Le métier d’expert judiciaire présente certains défis. Sur les petits dossiers, les experts peuvent être confrontés à des tensions ou des attaques verbales, principalement de la part d’avocats. Cependant, Jean-Noël Munoz explique que ces difficultés sont moins fréquentes sur les gros dossiers, où seuls les meilleurs professionnels sont impliqués. La méthodologie utilisée par les experts judiciaires repose sur des outils classiques comme le DCF (Discounted Cash Flow) et les méthodes comparables, mais elle nécessite également une capacité à se projeter dans des scénarios hypothétiques, comme ceux liés aux procédures de liquidation.
Le cabinet de Jean-Noël Munoz compte 15 collaborateurs et se concentre exclusivement sur des missions d’expertise et de conseil haut de gamme. Munoz a fait le choix de ne pas se diversifier dans l’expertise comptable classique ou l’audit, même si ces activités offriraient plus de récurrence. Ce choix permet au cabinet de rester indépendant et spécialisé, bien que cela nécessite de sans cesse rechercher de nouveaux dossiers, faute de pouvoir compter sur un fonds de commerce récurrent.
Jean-Noël Munoz encourage les jeunes professionnels à se tourner vers le diplôme d’expert-comptable, qui offre un large éventail d'opportunités. Cependant, il avertit que l'accès à l'expertise judiciaire requiert de nombreuses années d'expérience. Il rappelle que la profession d'expert-comptable évolue vers des missions à plus forte valeur ajoutée, dépassant la simple gestion comptable, et qu’elle ouvre de nombreuses portes aux jeunes diplômés.
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