Dans ce nouvel épisode du podcast Exco by Liberall Conseil, Maxime Renon, expert‑comptable et commissaire aux comptes chez Audit Synthèse, déroule un itinéraire professionnel qui refuse les sentiers balisés. Passé du contrôle de gestion universitaire à l’audit et à l’expertise, il raconte sans fard dix années passées dans un cabinet réputé. Entre prudence technique et curiosité pour la data, Maxime défend un métier en pleine mue : moins de saisie, plus d’analyse en temps réel, une posture d’orchestrateur financier pour des PME exigeantes.
De la finance académique au cabinet
Diplômé du DSCG avec l’idée de faire carrière en contrôle de gestion, Maxime postule « par curiosité » dans un cabinet parisien. À son arrivée en 2015, il découvre une maison fondée en 1990, forte d’une quinzaine de personnes et d’un portefeuille prestigieux mêlant audit légal et expertise. Le contraste est brutal : malgré six années d’études, il mesure à quel point la pratique quotidienne diffère de la théorie. Pendant ses quatre premières périodes fiscales, il apprend le débit‑crédit « sur l’ordinateur et sur le terrain », passe successivement par la saisie, la révision, l’audit de cycles sensibles, puis le conseil.
Audit Synthèse : une école de rigueur et d’équilibre
Le cabinet cultive une singularité : depuis trente ans, il maintient une répartition quasiment paritaire entre audit et expertise, tout en privilégiant la formation interne. Trente‑cinq diplômés d’expertise comptable sont sortis de ses rangs, preuve qu’un petit cabinet peut devenir un grand incubateur. Maxime profite de cette double casquette ; il approfondit les normes ISA tout en apprenant à piloter des PME qui réalisent plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette polyvalence renforce sa crédibilité auprès des dirigeants : « Quand on révise les comptes d’un côté et qu’on certifie ceux d’un groupe voisin, on perçoit tout de suite le lien entre production comptable et information financière. »
2022 : la reprise qui n’a pas eu lieu
Maxime et deux collègues bâtissent un projet de rachat. Business‑plan, outils à implémenter, refonte des offres : le trio travaille deux ans. Les banques, toutefois, refusent de financer l’opération, jugeant le risque trop élevé pour des repreneurs jugés « jeunes » face à un portefeuille reposant historiquement sur la figure du fondateur. Le dossier est repris par un groupe important, engagé dans une stratégie de consolidation et désireux d’asseoir sa présence parisienne. Pour Maxime, c’est un choc, mais aussi une leçon : il comprend la mécanique d’une levée de fonds, découvre la posture d’un investisseur et mesure l’importance d’une taille critique pour maintenir l’activité audit.
Continuer à exercer, transformer le métier
Resté directeur de mission, Maxime renforce désormais l’offre digitale du cabinet : très peu de tenue manuelle, beaucoup d’automatisation, et un basculement progressif vers des missions de DAF externalisé. Avec des solutions comme Finthesis, il met en place des flux bancaires et des reportings en temps réel, capables de nourrir budgets, prévisionnels et revues d’atterrissage semestrielles. La moitié de l’effectif est en stage d’expertise comptable, garantissant un haut niveau technique pour analyser les données plutôt que les saisir. Côté audit, il conserve ses mandats historiques tout en bénéficiant de la structure pour mutualiser les fonctions support.
Vision et transmission
Maxime incarne une génération d’experts‑comptables qui considèrent la data comme la matière première du conseil. Pour lui, l’avenir passe par trois axes :
- généraliser les outils temps réel afin de basculer de la photographie annuelle au pilotage continu ;
- élargir le spectre du cabinet vers la fonction financière, qu’il s’agisse de management de transition ou de missions ponctuelles à forte valeur ajoutée ;
- participer activement à la consolidation du secteur, non pour diluer la relation clientèle, mais pour disposer des investissements nécessaires à l’intelligence artificielle et aux nouvelles compétences (juridique, patrimoine, RH).
L’intégration au groupe, loin de brider ses ambitions, lui offre un terrain d’expérimentation plus vaste : « Nous devons prouver qu’un cabinet de quinze personnes peut, au sein d’un groupe, rester proche de ses clients tout en accélérant sur la data et les services à forte valeur ajoutée. »
Conclusion
À trente‑deux ans, Maxime Renon mesure le chemin parcouru depuis son premier entretien d’embauche, lorsqu’il ne comprenait rien au métier et gribouillait ses notes à la hâte. Dix ans plus tard, l’ex‑contrôleur de gestion est devenu un expert‑comptable aguerri, capable de jongler entre audit, reporting instantané et stratégie de groupe. Son défi pour les cinq prochaines années : contribuer à redessiner la profession autour du conseil, de la technologie et d’une culture de l’investissement encore trop rare dans les cabinets indépendants.