
Transformation pédagogique, réforme de l’apprentissage, mutation de la profession comptable : Ugo Lopez est à la tête de Sup'Expertise, une école pas comme les autres. Ancien haut fonctionnaire, passé par la direction du cabinet du président de l’Ordre des experts-comptables, il pilote aujourd’hui un projet ambitieux : faire de Sup'Expertise la première grande école dédiée aux métiers de l’expertise comptable et de l’audit. Un projet au service d’une conviction forte : c’est par la formation que la profession peut réussir sa mue.
Rien ne destinait Ugo Lopez à croiser un jour la route des experts-comptables. Diplômé de Sciences Po, de droit européen et du Collège d’Europe de Bruges, il débute sa carrière dans la formation… mais pour les institutions européennes. C’est finalement une annonce publiée en 2009 qui l’oriente vers la profession : il devient alors délégué général d’une fédération d’experts-comptables et de commissaires aux comptes.
« J’ai découvert une profession magnifique, dont je suis tombé amoureux. Elle était déjà à la croisée des chemins. »
Après plusieurs années à ce poste, puis à la tête du cabinet du président de l’Ordre national, Ugo part s’installer en Espagne. Jusqu’en 2020, où Laurent Benoudiz, alors président de l’Ordre francilien, le contacte pour lui confier un chantier d’ampleur.
Le point de départ ? Le rachat stratégique du CFA historique ACE, fondé en 1992, spécialisé en alternance comptable. L’objectif est clair : accélérer la transformation pédagogique d’un modèle hérité de la formation technique vers un modèle de grande école orientée business, conseil, posture entrepreneuriale.
« Sup'Expertise n’est pas une école. C’est un projet. Celui de créer une voie d’excellence pour les futurs collaborateurs et experts-comptables. »
Concrètement, cela passe par :
« Si la profession veut attirer de nouveaux talents, elle doit ressembler à une école de commerce. »
L’enjeu n’est pas uniquement académique. Il est directement lié à la mutation de la profession. Avec la montée de l’automatisation, la généralisation de la facturation électronique et l’arrivée d’acteurs extérieurs sur le marché, la légitimité des cabinets repose désormais sur leur utilité perçue.
« On ne sera légitimes que parce qu’on sera utiles. Et demain, on ne sera plus utiles de la même manière. »
Sup'Expertise s’inscrit dans une double logique :
C’est l’ambition du programme Profession Comptable 2030, conçu avec le CFPC, qui propose des parcours de transformation métier fondés sur :
Mais former ne suffit pas. Encore faut-il que les cabinets le veuillent. Et c’est là que réside, selon Ugo Lopez, le vrai point de blocage.
« Tant que les dirigeants n’adoptent pas une posture de chef d’entreprise, rien ne changera. »
Il observe un paradoxe : de nombreux dirigeants, proches de la retraite, préfèrent attendre plutôt que se lancer dans une transformation incertaine. Une erreur stratégique, selon lui :
« Si vous voulez vendre votre cabinet demain, c’est aujourd’hui qu’il faut créer de la valeur. Et cette valeur sera immatérielle : process, marque, stratégie RH, connaissance client. »
Aujourd’hui, Sup'Expertise forme déjà plus de 600 étudiants, avec un taux de sélection d’environ 25 %. L’ambition ? Étendre le modèle à d’autres territoires, professionnaliser encore la formation continue, renforcer les liens avec les entreprises, développer les partenariats internationaux.
« La profession ne pourra rester attractive que si elle change de posture — et ça commence par l’école. »
📌 À retenir :