Faire grandir un cabinet sans perdre son âme : entre transmission, stratégie et liberté
Dans cet épisode du podcast Exco by Liberall Conseil, nous recevons Laurent Bénoudiz, expert-comptable, entrepreneur dans l'âme, et gérant du cabinet BeWiz. Un cabinet qu’il a repris de son père en 2004, et qu’il a su transformer, structurer et développer sans jamais renoncer à ses convictions : liberté, responsabilité, croissance, et surtout… transmission.
Au programme : une histoire d’entrepreneuriat, d’associés, d’ingénierie patrimoniale, de management libéré… et d’intelligence artificielle.
De l’échec entrepreneurial au rachat familial
Avant BeWiz, il y a eu Experts SA, une startup fondée en 1998 pour créer des sites web à destination des experts-comptables. Levée de fonds, entrée de Sage au capital, puis éclatement de la bulle internet et plan de continuation… Une aventure à 200 à l’heure, terminée dans la douleur mais riche d’apprentissages. En 2004, Laurent reprend le cabinet familial, avec l’envie d’en faire autre chose qu’un cabinet traditionnel.
"En 3 ans, j’ai vécu toutes les phases d’une entreprise. Et après ça, je suis revenu au cabinet avec une autre vision."
Une association repensée : pas de rachat de parts, mais de la valeur
Chez BeWiz, on devient associé sans mettre un euro. La montée au capital se fait par attribution gratuite d’actions, suivie de rachats par le cabinet, via des réductions de capital. Un système inspiré des cabinets d’avocats… mais appliqué au monde de l’expertise comptable, où la valeur patrimoniale reste bien réelle.
"Au final, dans tous les cas, c’est toujours le cabinet qui paie. Alors autant le faire intelligemment, pour créer un vrai collectif."
Une stratégie de développement assumée : conseil patrimonial et croissance sélective
BeWiz, c’est aujourd’hui 7,5 M€ de chiffre d’affaires, cinq associés, près de 50 collaborateurs, une croissance de 10 à 15 % par an… et une activité de conseil patrimonial qui pèse 600 K€, portée par une équipe dédiée.
Mais Laurent le reconnaît : "On est meilleurs pour développer des missions à l’extérieur que dans notre propre portefeuille clients." Un paradoxe assumé, qui ouvre la porte à des chantiers d’amélioration.
Un management basé sur l’autonomie et la responsabilité
BeWiz fonctionne depuis des années sans contrôle horaire, avec une politique de télétravail flexible et… des congés illimités. La seule règle : l’enchantement client. Si les objectifs sont atteints, chacun est libre de s’organiser.
"On ne met pas en place une organisation pour 3 % d’abus. On veut des collaborateurs responsables, pas des exécutants. Et pour ça, il faut leur laisser de l’espace."
Une gouvernance claire et un pilotage par projets
Le cabinet est organisé par pôles : expertise, social, audit, juridique… avec un associé référent pour chacun. Et pour faire avancer les sujets transverses (onboarding, IA, outils), ce sont des groupes de travail, ouverts à tous, qui prennent la main. Une culture projet qui nourrit l’engagement et responsabilise les équipes.
L’IA, un tsunami à prendre de face
Laurent Bénoudiz est aussi vice-président de l’Ordre des experts-comptables Paris IDF. Et sur le sujet de l’IA, il porte un double discours : celui de l’institution, rassurant, et celui de l’entrepreneur, lucide.
"Le métier est en train de changer en profondeur. Ce n’est pas une transition comme le passage au micro-ordinateur. Là, c’est le cœur de notre savoir-faire qui peut être automatisé. Il faut être boosté à l’IA, pas balayé par elle."
Mais il croit en une voie : former, s’adapter, et repositionner les cabinets sur l’accompagnement, la data, la gestion, la RSE, le conseil… bref, tout ce que les clients attendent déjà, parfois sans le dire.
Le mot de la fin
"Je crois profondément que l’expertise comptable est le plus beau métier du monde. Parce qu’il combine la technique, le management, le commerce, la transmission. Ce qu’on peut construire dans un cabinet, peu d’autres métiers le permettent. Et c’est justement pour ça qu’il ne faut pas passer à côté de ce virage stratégique."