

Comment un DAF part-time transforme la manière de piloter une entreprise
Valentin Tonti-Bernard reçoit Romane Bertolus, DAF part-time chez Mindset, pour une conversation qui bouscule beaucoup de croyances. Dans cet épisode, Romane explique pourquoi tant d’entrepreneurs, d’avocats, d’experts-comptables ou de dirigeants de cabinets continuent de piloter leur activité uniquement en regardant leur compte bancaire, et pourquoi cela limite profondément leur capacité à décider, anticiper et investir.
Romane commence par une observation simple : beaucoup de dirigeants pensent piloter correctement parce qu’ils “regardent le compte”. Si le solde est bon, tout va bien. S’il baisse, on ralentit. C’est intuitif, mais terriblement incomplet.
Le cash donne une photo instantanée.
Il ne dit rien de la structure, de la saisonnalité, du ramp-up d’un commercial, des charges sociales décalées, des abonnements reconnus trop tôt, ni des investissements à venir.
Cette vision court-termiste empêche d’avoir une stratégie. Elle empêche surtout de prendre les bonnes décisions au bon moment.
Romane décrit le rôle du DAF part-time comme un mélange de bras droit stratégique, d’architecte de la donnée, et parfois… de psychologue du dirigeant.
La mission commence toujours par un diagnostic : business model, marges, outils utilisés, organisation de la data, qualité des chiffres. C’est souvent là que l’on découvre que la donnée n’est pas fiable et qu’elle doit être assainie avant de piloter quoi que ce soit.
Le DAF part-time construit ensuite le budget, le prévisionnel de trésorerie, un reporting utile et surtout des indicateurs alignés sur le métier. Son rôle dépasse largement l’Excel : il participe aux boards, échange avec les banques, challenge les hypothèses et accompagne les décisions structurantes.
L’enjeu n’est pas de faire plus de chiffres, mais de faire mieux.
Une grande partie des mauvaises décisions vient d’un problème bien plus simple qu’on ne l’imagine : la donnée est fausse.
Google Sheets modifiés par tout le monde. CRM non tenu. Comptabilité non synchronisée. Outils non connectés.
Romane le dit clairement :
“Si la data n’est pas fiable, toutes les décisions derrière ne le seront pas non plus.”
Assainir la donnée devient alors un travail central : cartographier les outils, définir qui saisit quoi, verrouiller les process, automatiser quand c’est possible. Ce n’est qu’une fois les fondations solides qu’on peut piloter réellement.
Romane explique comment construire un budget réaliste, basé sur l’historique, la saisonnalité, les projets, le marketing, les recrutements, et même des scénarios optimiste et pessimiste.
Mais le vrai révélateur, c’est le prévisionnel de trésorerie.
C’est lui qui montre la réalité du business :
les délais de paiement, la TVA, les charges sociales du mois suivant, les abonnements reconnus dans le temps, les remboursements d’emprunt, les encaissements étalés.
C’est là qu’on calcule le burn rate et le runway.
C’est là qu’on voit quand il faudra lever, investir, ralentir ou au contraire accélérer.
Romane évoque aussi le rôle du DAF dans les opérations exceptionnelles : levées de fonds, cessions, rachats.
Son travail consiste à rendre les comptes lisibles, cohérents et optimisés — tout en restant parfaitement justes.
Reconnaitre correctement les abonnements, activer certains coûts, nettoyer les charges, présenter un P&L clair… Autant d’éléments qui peuvent changer la perception d’un investisseur ou d’un acquéreur.
En parallèle de son rôle de DAF, Romane consacre son mémoire aux clubs deals, ces véhicules d’investissement qui démocratisent le private equity. Elle explique leur intérêt pour les particuliers, pour les experts-comptables, et le cadre réglementaire très strict de l’AMF.
Une ouverture passionnante sur un sujet encore méconnu.
Cet échange est précieux pour tous les cabinets, dirigeants de structures professionnelles, et entrepreneurs qui ont longtemps piloté “au feeling”. Il montre que le pilotage financier n’est pas une contrainte, mais un levier de confort, de clarté et d’ambition.
Romane le résume parfaitement :
« Le cash dit où tu es. La data dit où tu vas. »


